Au centre de cette exploration se trouve une histoire touchante, celle de Mona, une enfant de dix ans menacée de perdre la vue. Son grand-père, passionné par l’art, lui propose un voyage initiatique pour capter la beauté du monde avant que ses yeux ne se ferment. À travers ce périple dans les plus grands musées de Paris, il enseigne à Mona à percevoir l’essence de l’art, et au lecteur à découvrir que l’esthétique n’est jamais déconnectée de la pensée.
Titre de l’œuvre | Thématique et année de publication |
Les Yeux de Mona | Philosophie de l’art et parcours initiatique (2024) |
L’âme des couleurs | Symbolisme des couleurs dans l’art (2018) |
Figures de l’ombre | Mythes et interprétations artistiques (2015) |
L’éphémère et l’éternité | Temporalité et immortalité dans les arts (2020) |
Des mythes grecs à l’éclat d’un sourire : une philosophie incarnée
Dans Les Yeux de Mona, Schlesser ne se contente pas de décrire les œuvres : il les transcende par une interprétation philosophique où chaque tableau devient une question, chaque détail une réponse. Ainsi, la peinture de Botticelli, Vénus et les Trois Grâces, devient une allégorie du don et du recevoir. Les trois Grâces n’offrent pas seulement des présents matériels à Vénus, elles illustrent un cycle essentiel de l’existence : apprendre à donner, à recevoir et à rendre. Ces gestes, simples en apparence, sont pourtant au fondement de notre vie sociale et affective.
Le voyage initiatique de Mona la mène ensuite devant la Joconde de Léonard de Vinci, où Schlesser établit un parallèle inattendu entre l’œuvre et les pensées du philosophe Alain. Le sourire de Mona Lisa, selon lui, n’est pas un simple jeu esthétique : il est une invitation à sourire à la vie. Pour Schlesser, cette image agit comme un miroir émotionnel ; elle suscite un écho intime, un sourire en retour. Le bonheur devient contagieux, et l’art, une contagion bienfaisante.
L’art, pour Schlesser, n’est pas seulement une œuvre de beauté, mais un miroir de l’humanité, une réflexion où se mêlent esthétique et philosophie.
Cette exploration de l’art ne s’arrête pas aux plaisirs lumineux de la Renaissance. Avec William Turner, Schlesser plonge dans les tourments du romantisme anglais. Les paysages embrumés et chaotiques du peintre révèlent une vérité plus sombre, nourrie des pensées de Nietzsche et Pascal : l’homme, infiniment petit, n’est qu’un grain de poussière dans l’univers. Les toiles de Turner traduisent cette insignifiance dans des scènes où tout semble se dissoudre dans une lumière crépusculaire.
L’éphémère éternité des œuvres
En poursuivant leur voyage, Mona et son grand-père découvrent Monet, pionnier de l’impressionnisme. La série des Gares Saint-Lazare illustre parfaitement le concept antique du Panta rhei, “tout passe”. Le train, puissant et fugace, devient une métaphore du temps insaisissable. Pour Schlesser, Monet capte non seulement l’instant éphémère mais aussi une certaine forme d’éternité. L’art, explique-t-il, fixe les moments de la vie dans une mémoire immortelle, offrant ainsi une double lecture : l’éphémère des choses et leur immortalité à travers le prisme de l’art.
Mais Les Yeux de Mona va au-delà des simples interprétations. L’histoire de Mona, cette enfant qui pourrait perdre la vue, incarne le cœur même du livre : l’art est une ultime tentative pour voir, comprendre et transmettre. Au travers de Mona, c’est le lecteur lui-même qui découvre les secrets des œuvres et l’importance de la transmission intergénérationnelle.
Ainsi, Les Yeux de Mona ne se limite pas à une analyse d’œuvres célèbres. C’est une invitation à regarder autrement, à questionner le monde et à s’interroger sur ce que signifie véritablement “voir”. L’art, conclut Schlesser sans le dire explicitement, est une façon de rendre immortels les instants les plus fugaces de notre humanité.
Frédéric Schlesser : Un Voyageur entre Philosophie et Esthétique
Frédéric Schlesser, penseur contemporain, s’est distingué par une approche novatrice liant intimement l’art et la philosophie. Après des études approfondies en philosophie, il s’est orienté vers l’esthétique, explorant les interactions entre la création artistique et la réflexion philosophique. Ses publications, notamment L’Âme des couleurs (2018) et L’Éphémère et l’éternité (2020), témoignent de sa quête pour comprendre comment l’art transcende le simple visuel pour devenir vecteur de pensée profonde. Dans Les Yeux de Mona (2024), Schlesser propose une interprétation philosophique de 52 œuvres d’art, illustrant sa conviction que l’esthétique est indissociable de la réflexion humaine.
Quand l’Art et la Philosophie s’Affrontent : Voix Discordantes
La proposition de Schlesser, selon laquelle l’art est une invitation à philosopher, n’a pas manqué de susciter des débats. Certains critiques estiment que l’art doit être apprécié pour sa beauté intrinsèque, sans nécessairement y superposer une couche philosophique. Ils avancent que chercher systématiquement une signification profonde peut dénaturer l’expérience esthétique pure. D’autres, influencés par des courants postmodernes, contestent l’idée d’une interprétation univoque des œuvres, prônant une multiplicité de lectures subjectives. Ces voix discordantes soulignent la complexité du dialogue entre art et philosophie, remettant en question la pertinence d’une analyse philosophique systématique de l’esthétique.
L’Évolution du Débat : De l’Esthétique Relationnelle à l’Art Contemporain
Le débat sur la relation entre art et philosophie a évolué, intégrant des perspectives contemporaines. Des penseurs comme Nicolas Bourriaud ont introduit le concept d’« esthétique relationnelle », où l’art est perçu comme un état de rencontre, mettant l’accent sur l’interaction entre l’œuvre et le spectateur. Cette approche suggère que l’expérience esthétique est co-construite, ouvrant la voie à une pluralité d’interprétations. Par ailleurs, des philosophes comme Jacques Rancière explorent comment l’art contemporain défie les catégories traditionnelles, questionnant les frontières entre l’esthétique et le politique. Ces réflexions contemporaines enrichissent le débat initial, offrant de nouvelles perspectives sur la manière dont l’art et la philosophie s’entrelacent dans le monde actuel.